mardi 5 mai 2015

Retour vers le passé. Une année au Roudour . "les violons barbares"


 "les violons barbares" Espace du Roudour

Samedi soir, le Roudour affichait pratiquement complet pour accueillir le trio "les violons barbares". Dandarvaanchig Enkhjargal est mongol. Il pratique le chant diphonique et joue du Violon à tête de cheval. Dimitar Gougov est bulgare, il chante également et joue de la gadulka ( violon à trois cordes mélodiques et onze cordes sympathiques). Entre eux, Fabien Guyot alterne impétuosité et subtilité sonore sur des percussions venues d'un peu partout dans le monde.

Ensemble, ils font retentir une musique singulière d'une énergie époustouflante mais qui n'exclue pas la finesse et l'émotion. Lancée à toute allure sur les ailes du vent que lève le percussionniste, elle franchit les contrées à la vitesse d'un cheval au galop. Des confins de la Mongolie à l'Afghanistan en passant par la Bulgarie, les universelles histoires d'amour se font écho, portées par la voix fabuleuse de Dandarvaanchig Enkhjargal qui passe de l'aigu au chant de gorge. La fèvre monte. Irrésistible, le souffle de l'Epopée musicale gagne le public. 

C'est l'un de ces concerts qui rend heureux et enthousiaste. Cerise sur le gâteau : Les trois musiciens montrent une grande complicité et un humour ravageur. A la loyale, les trois "barbares" ont conquis le Roudour qui se lève pour les rappeler encore et encore!






Retour vers le passé. Une année au théâtre de Morlaix. "J'avance et j'efface" par la compagnie In Situ


 "J'avance et j'efface" par la compagnie In Situ

Avec près de 1000 spectateurs sur trois séances. "J'avance et j'efface" par la compagnie In Situ a rencontré un succès mérité auprès des spectateurs jeunes et moins jeunes.
L'histoire est simple : À neuf ans, Stirs a eu un accident de voiture. Depuis, il a une mémoire de trois minutes. Pour le protéger d'un monde qui change sans cesse, ses parents l'ont envoyé au Japon. Là, il grandit et vieillit auprès de sa nourrice aimante, Asaki.
C'est une histoire dramatique, mais traitée de manière poétique, elle émerveille par ses trouvailles scéniques et narratives à la croisée de plusieurs disciplines. Pour déjouer l'amnésie, Asaki trace une route de souvenirs qui ne tient qu'à un fil : projections vidéo, dessins qui se dissolvent dans l'eau, fragile décor qui se dépouille jusqu'à disparaître dans la scène finale. Tout s'efface, mais Stirs avance vers la vieillesse, inconscient du temps qui passe. On est touchés par la grâce éphémère du présent à la recherche de la mémoire défaillante.
Laurent Seron-Keller campe un magnifique Stirs au jeu très physique et parfois clownesque. Camille Trophème chante les joies et les chagrins de son protégé avec un sacré talent. On goûte leur drôlerie, leur présence lumineuse et une mise en scène qui rend hommage à esthétique japonaise. Le Théâtre à cru propose là un spectacle ludique, plein d'inventivité d'humour et de tendresse, qui se crée dans la saveur de l'éternel recommencement.