mardi 30 janvier 2018

Lula Pena, mélancolie solaire


 220 spectateurs avaient fait le déplacement au Roudour pour assister au concert de Lula Pena, une artiste rare à plus d'un titre. Cette "nomade inspirée" les a invités à l'accompagner pour un "voyage musical incertain", une aventure sonore singulière. 

Qu'on en juge :  l'artiste déroule son répertoire, sans pause entre les morceaux qui s'agrègent, suivant les aléas du chemin et l'inspiration du moment, prenant le risque de s'aventurer comme pour un véritable voyage. Chaque concert est unique et formidablement présent. 

Déroutant pour quelques uns,  expérience envoûtante pour la plupart, l'auditeur avance sur le fil de sa voix, magnifiquement grave et sensuelle, alternant murmures brumeux et éclats lumineux. Lula Pena joue des distances, des profondeurs de champs et de chant jusqu'à oser le flou. Elle crée des matières sonores et varie les couleurs pour créer un paysage avec lointains dans lequel les langues ( portugais, espagnol, grec, français.... ) et les époques se croisent ou se superposent sans coupures ni frontière.

Par leur écoute, les spectateurs participent à ce voyage libre fragile et aléatoire, ce voyage intuitif qui prend le temps et le pouls des chansons, ici de véritables bijoux animistes.  







dimanche 28 janvier 2018

Marivaux

 1250 spectateurs ont apprécié"#JAHM", une adaptation contemporaine des "Jeux de l'amour et du hasard" de Marivaux interprétée par le théâtre du Rivage. Le théâtre de Morlaix proposait quatre séances, dont trois destinées au public scolaire. Toutes furent jouées à guichet fermé.

 Pour mieux éprouver leurs sentiments, les maîtres y jouent des valets et les valets leurs maîtres .  Chacun croit s'adresser à une personne d'une classe différente de la sienne mais les spectateurs savent à quel point ces couples sont bien assortis. L 'intrigue rebondit sans cesse tandis que les règles se compliquent à foison. A ce jeu le hasard se révélera le véritable maître!


La mise en scène de Pascale Daniel-Lacombe est résolument contemporaine, toute en mouvement,  mais sans dénaturer la langue de Marivaux ni son propos, bien au contraire. Le spectateur peut apprécier la fraîcheur, la jeunesse, la formidable vivacité des acteurs, très présents physiquement ou encore la scénographie qui interroge les rapports maîtres/servants dans un espace qui les rend palpables. Dans un même élan, tout concoure à rendre limpide cette pièce frémissante. Le désir de connaître la vérité des cœurs, le combat entre raison et sentiments, le jeu entre classes sociales sont particulièrement mis en valeur par une mise en scène fluide et sensible qui touche le spectateur.
























mardi 16 janvier 2018

Une alchimie Triabolique

Ce fut une fin de dimanche idéale au Roudour, un bain musical inspiré et subtil en compagnie des chaleureux musiciens britanniques du trio "Les Triaboliques". Lu Edmonds, Justin Adams et Ben Mandelson ont tous trois vécu et vivent encore mille vies musicales sur tous les continents. Ce trio est la quintessence de toutes les musiques qu'ils aiment et qu'ils maîtrisent superbement.


Les trois musiciens habitent la musique de l'intérieur, avec sincérité et jubilation. Groove africain, épices slaves, chaleur Irlandaise, effluves moyen-orientales et quelques grincements punks en guise de piment parfument leur blues sans frontière. Ils le livrent aux spectateurs avec un humour "so british" mais en Version Française, car ces  véritables écumeurs de sons planétaires, poussent la curiosité et le respect jusqu'à parler notre langue.

Les trois virtuoses ne sont jamais dans la démonstration. Ils sont dans l'épure, dans l'élégance du trait pour élaborer une musique de caractère, un peu râpeuse mais avec une certaine joie malicieuse, à leur image. Des applaudissements nourris et un rappel ont salué le concert de ces trois délicieux briscards du rock-blues.