vendredi 16 décembre 2016

La nuit où le jour s'est levé.

 Partie au Brésil, Suzanne assiste à un accouchement sous X dans un couvent et se prend d'amour maternel pour le nourrisson. Commence alors un parcours semé d'embuches mais également de soutiens forts pour cette jeune femme toujours sur le fil. Déterminée à faire reconnaitre cette filiation qu'elle éprouve dans son cœur et dans son corps, elle avance sans relâche.

Olivier Letellier a mis en scène trois voix, trois corps d'hommes en mouvement pour raconter cette histoire de femmes engagées. A l'unisson, ou se répondant, ils tissent le récit de cette histoire vraie et intense. La fluidité de la mise en scène, la douceur et la souplesse des gestes permettent de faire respirer le(s) récit(s) écrit(s) au plateau par trois écrivains. Ici, tout bruisse et s'entrelace, s'oppose ou se rapproche. Rien n'est jamais figé.  Même le hasard s'en mêle dans cette aventure à la fois terrible et joyeuse.

Suzanne n'est jamais seule . Les trois comédiens non plus. Conteurs agiles ou fragiles interprètes, ils s'échangent les gestes, se passent les mots  avec une habileté de jongleurs. Ils alternent les rôles dans un même souffle. Entre ombres et lumières,  avec légèreté mais densité, l'engagement y est présenté de manière aérienne. Il est comme un mouvement irrésistible qui reliera les êtres dans un même cercle.


 Jeudi 15 décembre
 Théâtre du pays de Morlaix



Un texte co-écrit au plateau par Sylvain Levey, Magali Mougel et Catherine Verlaguet
Mise en scène Olivier Letellier

avec Clément Bertani (comédien), Jérôme Fauvel (comédien), Théo Touvet (comédien et circassien) / assistanat Jonathan Salmon / lumières Sébastien Revel / création sonore Mikael Plunian / scénographie Amandine Livet / costumes Ingrid Pettigrew / régie de production Colas Reydellet / production Fanny Spiess / Avec les voix de Rose Devaux, Simon Legac et Inès Le Gué

























dimanche 4 décembre 2016

La leçon de musique










Ce fut un moment de grâce pour les 290 spectateurs du Roudour samedi soir. Cette parenthèse heureuse leur a donné le sourire tant la musique de ce duo de cordes en accord profond a la vertu de transporter et d'apaiser l'auditeur.


Le malien Ballake Sissoko (kora) et son ami Vincent Segal (violoncelle ) attirent toujours un public fidèle, sensible à leur musicalité, à leur générosité. Presque jumeaux, puisqu'ils sont nés à seulement un mois et un continent de différence, ces deux frères de son possèdent une qualité rare et précieuse : Ils s'écoutent et s'entendent. Cette attention mutuelle palpable leur a permis de développer une liberté étonnante, toujours en mouvement. Chacun s'appuie sur l'autre pour explorer plus avant à travers un dialogue fertile et complice.

Aérienne, leur musique nomade se nourrit de leurs racines musicales respectives mais trouve son propre horizon sans cesse renouvelé. Loin des folies du monde, ce concert fut un moment de beauté digne et lumineuse.








samedi 26 novembre 2016

Michaël et ses doubles

Ce fut une bien belle fête d'anniversaire ! 

☺✌❤!


Face à 2000 spectateurs venus de toute la région, Michaël Gregorio et ses formidables musiciens ont incarné le gratin musical planétaire dans un show haletant pendant près de deux heures. Le "Petit corps valide" avait vu grand pour fêter ses 10 ans de scène, allumant le feu pour mieux souffler les bougies de son gâteau géant. Se multipliant à tout va dans une mise en scène-délire, il était tout heureux de partager ses rêves de gosse surdoué et attachant avec son fidèle public, l'entrainant même dans sa chambre d'ado à travers le miroir virtuel de l'écran.

Entre souplesse mentale et prouesses vocales, cet amoureux de la scène passe du rire à l’émotion, du grave à l'aigu, du jazz au rap, du rock à l'opéra. Zébulon-Caméléon aux mille voix, il marie les genres et les fait dialoguer avec un humour décalé irrésistible. Ainsi Dave et Daft Punk deviennent "Dave Punk" dans un hilarant tour "around the world " des fromages bataves. Alors la "Chorale de Morlaix"  peut se "casser la voix" en criant "Gouda! Eddam" dans ce Hall sans âme (sauf celles qui vivent! )......Maître Gims tente-t-il  de phagocyter Aznavour ? Charles le renvoie dans les cordes ( vocales) d'un définitif "l'auto tuning c'est pour les chanteurs nuls!". Et paf ! Bien fait !  Plus fort encore et  carrément émouvant, le grand Jacques (Brel) mêle sa voix à celle de son compatriote Stromae dans une même phrase musicale. Retour vers le futur pour une rencontre du troisième type belge.... A la question "Papaoutai?" du chanteur coloré en bermuda, semble lui répondre un "Ici fiston ! (tu ) suis ma voix/voie" du zineke en noir et blanc. Ambigu, beau et touchant .... le spectacle de divertissement prend alors de l'épaisseur en multipliant les voies/voix.


Alors, Tékitoi ? imitateur ? chanteur insatiable ? meneur de revue(s) intarissable ?  Michaël Jagger ou Maître Aznavour ? Plutôt Dave ou plutôt punk ? Fromage Gouda ou dessert ? La réponse est peut être simplement musicien et interprète inspiré, habité par ses modèles. En tous cas, s'il revisite le passé , l'avenir lui appartient.  Après tout, à  dix ans il n'hésite pas à sauter dans le grand bain (de foule) dont il revient même pas décoiffé ....


Vendredi il a livré un spectacle généreux, revigorant avec la complicité de formidables musiciens à un public qu'il respecte infiniment et dont il cherche la proximité. C'est peut être cela être populaire, avec tous les sens multiples que cela implique.